Le projet Hercule ou la porte ouverte à la privatisation d’EDF !
Depuis quelques semaines, les rumeurs vont bon train et les inquiétudes fleurissent au sujet de la réorganisation d’EDF. Beaucoup s’interrogent sur ce projet, baptisé Hercule, en cours d’élaboration par le gouvernement. Colère et perplexité se mêlent et tous pointent le risque que fait peser cette réorganisation sur le service public de l’électricité et sur la transition énergétique.
De quoi s’agit-il ? Nous le savons, le groupe EDF est en difficulté, accablé par une dette de 37 milliards d’euros à laquelle se rajoute les frais liés à la construction de l’EPR Français et des deux EPR Anglais.
Au même moment, le géant français doit faire face à deux enjeux majeurs : il doit assumer des investissements considérables nécessaires liés à l’entretien et la mise à niveau du parc nucléaire existant, et engager la construction de nouveaux réacteurs pour conserver à terme la moitié du mix en nucléaire. À cela s’ajoute la demande de développement massif des énergies renouvelables qui doit nous permettre d’atteindre l’objectif de 50% d’énergie renouvelable d’ici à 2035.
Le projet Hercule est donc décisif pour l’avenir d’EDF. Il doit répondre à la feuille de route suivante : comment faire en sorte de sauvegarder notre géant de l’énergie et qu’il puisse jouer tout son rôle dans la transition écologique dont notre pays a besoin ?
Pour y répondre, il semblerait que le gouvernement penche pour un regroupement des activités thermiques et nucléaires dans une entité nommée EDF Bleu et placerait EDF renouvelable et toutes les autres activités (Réseaux, distribution, services…) dans une autre entité, EDF Vert.
Conscient des enjeux en termes d’indépendance énergétique pour notre pays, le résultat de cette négociation entamée avec la Commission européenne nous laisse tout de même perplexe : EDF Bleu sera totalement publique, tandis qu’EDF Vert sera public à 65% avec une partie de ses revenus garantis par les contrats publics.
Autrement dit, toutes les activités lucratives d’EDF seraient privatisées à 35% alors que les activités où la demande d’investissement est massive deviendront publiques. Drôle d’accord qui nous fait renoncer à une partie de nos activités les plus rentables et assumer entièrement les plus coûteuses…
L’autre sujet d’inquiétude est la possible privatisation des barrages. Quel sera le destin de la production hydraulique dans notre pays ? Là encore, nous n’en savons rien !
Enfin, dernière incertitude et de taille, quel sort sera réservé aux salariés de ce groupe lancé dans une réorganisation à marche forcée ? La grogne syndicale qui monte, préfigure déjà les conséquences inévitables sur le plan social de ce projet sur lequel le Gouvernement est pour le moment on ne peut plus discret.
J’ai interpellé nos responsables politiques lors des débats qui ont eu lieu au Sénat dans le cadre des Questions d’actualité au Gouvernement sur cette question pour que soient rappelés les impératifs qui sont les nôtres : le maintien d’un service public de l’électricité, la prise en compte de l’urgence climatique et de la nécessaire transition écologique et enfin la défense de l’intérêt des usagers.
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