Extrême-droite : Un vent mauvais souffle sur notre Pays


Je suis en colère ! Je veux vous parler ce soir, avec gravité, de l’extrême droite. « Un vent mauvais souffle sur notre Pays » : c’est par ces mots que Patrick Kanner, le Président de mon groupe politique au Sénat, a dénoncé cet après-midi ce qui se joue à Saint-Brévin… La violence de l’extrême-droite d’un côté, le renoncement de l’État de l’autre. De Saint-Brévin justement, ce « Maire courage », Yannick Morez, a fait aujourd’hui le déplacement à Paris, pour être auditionné par la commission des lois, puis assister à la séance de Question au Gouvernement. Chacun connaît les faits : cet élu a été menacé pendant des mois par l’extrême droite locale et nationale, avant de faire l’objet d’un attentat dans lequel deux véhicules et une partie de son domicile ont brûlé.

Je fais miens les mots de Patrick Kanner qui constate à juste titre « la résurgence de la violence de l’extrême droite : car ces actes de violence et de terrorisme intellectuel se sont multipliés ces dernières semaines ». Nous l’avons tous constaté, aucun territoire n’est épargné de voir ses élus locaux -voire même leurs proches- être harcelés, menacés, diffamés, par les petits bras de ceux qui se cachent derrière une respectabilité de pacotille, qui visent à mieux préparer le retour d’heures sombres que la France et l’Europe ne voulaient plus jamais connaître…

Moi même, lorsque j’étais maire de mon petit village de Duilhac sous Peyrepertuse, j’ai reçu durant 2 ans des lettres anonymes de menaces de morts, des dessins de cercueils, des menaces sur mes proches, avec des mots à caractère raciste et xénophobe. Cela a cessé lorsque les enquêteurs de la gendarmerie ont démasqué l’auteur… un sympathisant de l’extrême droite ! Je suis révolté et en colère de voir, lorsque l’Assemblée Nationale s’est levé comme un seul homme pour rendre hommage au Maire courage Yannick Morez, de nombreux Députés du Rassemblement National faire le choix de rester assis ! J’ai personnellement constaté, cet après-midi, que le seul sénateur d’extrême-droite présent dans l’hémicycle a quitté notre assemblée au moment où le Sénat unanime s’est levé pour applaudir Yannick Morez présent dans les tribunes… ce sénateur est revenu dans l’hémicycle, de suite après l’hommage !

Malgré leur costume trois pièces, leur apparente respectabilité, l’extrême droite ne change pas, son idéologie reste intacte, leur attitude devant ce maire est une provocation aux symboles de la République. Mais revenons justement à l’audition très émouvante du Maire de Saint-Brévin, ce matin au Sénat. Celle-ci, hélas, s’est transformée en un cinglant réquisitoire contre les services de L’État et le Gouvernement, qui ont visiblement failli à le protéger. Ce qui a mené Yannick Morez a démissionner, ce ne sont pas seulement les menaces de l’extrême-droite : c’est aussi que l’État a laissé faire ces agissements de l’extrême-droite, n’a jamais soutenu le Maire, menacé, puis agressé.

Les Maires sont usé, fatigués, dégoûtés… Ils se sentent seuls, ce sentiment je l’ai maintes fois vécu et ne peut que partager leur désarroi ; c’est aussi la raison pour laquelle je me suis engagé au Sénat, et fais tout mon possible pour être à leur côté, relayer leurs besoins et défendre leur intégrité. L’édile en a donné un exemple limpide : « Des néonazis de Rennes devaient venir sur Saint-Brévin. Le préfet nous a dit qu’on ne pouvait pas l’interdire pour des raisons juridiques. Le soir même une autre manifestation était interdite au Stade de France. Deux poids, deux mesures… ».

Car c’est bien de ça qu’il s’agit : aujourd’hui, le Gouvernement fait tout pour museler la contestation face à sa réforme des retraites, mais par contre laisse l’extrême-droite manifester dans la capitale en criant « à bas la République ». Avec cette formule magique chaque fois répétée : « Liberté d’expression »… NON ! La Liberté d’expression ce n’est pas cela, ce n’est pas diffamer, intimider, agresser. À Paris, à Saint-Brévin, à Limoux, et partout en France, la Liberté d’expression est en effet un droit fondamental, un droit précieux. Tellement précieux qu’elle ne saurait se confondre ou s’accommoder de la menace, de l’insulte, de la diffamation, de cette violence verbale qui aboutit toujours, tôt ou tard, à de la violence physique. Qui aboutit toujours, tôt ou tard, à faire le deuil, justement, de nos Libertés et de la Démocratie, ces deux valeurs si fortes de notre République, ces deux valeurs dont l’extrême droite est un ennemi insidieux.